Communiqué de presse - 11 Mars 2024

Pauvreté et inégalités à Bruxelles : les voyants plus que jamais au rouge

En Région bruxelloise, en 2023, 28 % de la population vivait sous le seuil de risque de pauvreté, contre 8 % en Flandre et 15 % en Wallonie. Les inégalités sociales sont particulièrement marquées dans la capitale, et exacerbées par les dépenses liées au logement. Certains doivent vivre avec 9 euros par jour ! C'est ce qui ressort du dernier Baromètre social publié par l'Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale, service d'études de Vivalis.brussels.

Plus d'un bruxellois sur quatre vit en situation de pauvreté (avec un revenu de moins de 1 450 € pour un isolé en 2023). À cette situation vient s'ajouter un nombre important de personnes en grande précarité qui sont absentes des statistiques : la Région bruxelloise concentre sur son petit territoire une grande part des personnes sans-papiers présentes en Belgique, soit minimum 50 000 personnes. 

Si le taux de risque de pauvreté est relativement stable depuis des années, certains indicateurs indiquent une dégradation de la situation sociale dans la capitale. À titre indicatif : 

  • le nombre de bénéficiaires d'un revenu d'intégration sociale est passé de 28 479 personnes en 2013 à 45 135 en 2023, soit +58 %. 

  • le nombre de personnes sans-chez-soi a quadruplé depuis 2008. Pas moins de 7 134 personnes ont été dénombrées par Bruss'help la nuit du 8 novembre 2022, dont 34 % dans l'espace public ou dans des hébergements d'urgence. 

  • l'écart entre le revenu imposable moyen des Bruxellois tend à s'accroître par rapport aux deux autres régions et à la moyenne belge : en 2020, le revenu imposable moyen des Bruxellois.es était inférieur de 20 % par rapport à la moyenne belge, alors qu'il l'était de 10 % en 2000. Cet écart en défaveur de Bruxelles a donc doublé ! 

Plus de pauvres et plus de riches à Bruxelles

Les inégalités sociales sont également plus marquées dans la capitale : les personnes pauvres y sont plus pauvres et les personnes riches, plus riches. À titre illustratif, les 10 % de la population avec les plus bas revenus disposent d'un revenu disponible par personne de moins de 985 €/mois en Région bruxelloise (contre moins de 1 250 €/mois en Belgique). À l'autre extrême, les 10 % des personnes les plus aisées disposent d'un revenu supérieur à 4 120 €/mois par personne en Région bruxelloise (contre plus de 3 735 €/mois en Belgique). Cette situation est liée en partie au caractère urbain de la Région bruxelloise par rapport aux deux autres régions, mais pas uniquement car même par rapport aux autres villes du pays, les inégalités sont plus fortes à Bruxelles. 

Poids du logement dans le budget intenable : les plus pauvres doivent vivre avec 9 € par jour 

Le poids des dépenses de logement dans le budget des Bruxellois exacerbe encore les inégalités : les dix pourcents des Bruxellois avec les plus faibles revenus consacrent plus de 45 % de leurs revenus aux dépenses de logement, contre à peine plus de 10 % pour les dix pourcents des Bruxellois avec les revenus les plus élevés. Après paiement des dépenses de logement, les revenus disponibles par personne varient de 9 euros par jour pour les moins nantis à 100 euros par jour pour les plus favorisés.

Les Belges d'origine non européenne sont globalement plus pauvres

Bruxelles est une porte d'entrée des migrations internationales, tant pauvres que riches (institutions internationales, secteur tertiaire et emplois requérant de hautes qualifications…). Parmi les 20 % des Bruxellois les plus riches, la majorité sont ressortissants d'un pays de l'Union européenne (UE 27) ou sont Belges avec des origines belges. Parmi les 20 % de Bruxellois avec les plus bas revenus, la grande majorité sont Belges d'origine non européenne ou de nationalité non européenne. Le revenu moyen des ressortissants européens est le plus haut, à savoir deux fois plus élevé que celui des Belges d'origine non européenne qui disposent du revenu moyen le plus bas. 

Pauvreté et familles nombreuses

Enfin, les familles nombreuses sont particulièrement à risque de pauvreté en Région bruxelloise. Plus d'un quart des personnes avec un revenu sous le seuil de risque de pauvreté vivent dans des ménages constitués de cinq personnes ou plus. En outre, six enfants sur dix ouvrent le droit à un supplément social pour les allocations familiales en Région bruxelloise. Ces proportions d'enfants ouvrant le droit à un supplément social atteignent jusqu'à 80 % des enfants à Saint-Josse-ten-Noode et 77 % à Molenbeek-Saint-Jean.

Le Baromètre social 2023 de l'Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale (Vivalis.brussels) fait donc état d'un contexte socioéconomique global difficile, post-crise covid et crise énergétique, dans le contexte de l'arrivée des réfugiés ukrainiens et de la crise de l'accueil ; ce, dans un cadre d'inégalités particulièrement importantes au sein de sa population. 

Pour le ministre bruxellois de la Santé et de l’Action sociale : « Il est indispensable de renforcer l’offre des services d’aide et de soins en région bruxelloise. Le baromètre social 2023 le démontre, une fois de plus. Et il faut le faire en tenant compte des besoins spécifiques de la population, en se basant sur l’ancrage territorial des services concernés. L’objectif : plus d’équité entre les Bruxellois·es pour assurer le bien-être de chacun·e, en particulier dans les quartiers les plus précarisés ».

 

 

 

 

Consultez le Baromètre et le résumé: https://www.vivalis.brussels/fr/actualites/barometre-social-2023

Document

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